Le calcaire total est une des composantes héritées du sol, éventuellement légèrement modifiable par apports massifs et répétés d’amendements basiques (recarbonatation anthropique des sols de la ceinture dorée bretonne par apports de trez, par exemple). La présence de calcaire confère au sol des caractéristiques spécifiques en terme de comportement physique et chimique et influe sur son activité biologique. Son absence totale a pour conséquence une acidification progressive, plus ou moins rapide suivant le contexte pédoclimatique, qu’il est nécessaire de compenser par des apports réguliers d’amendements basiques (chaulage).

Pourquoi analyser le calcaire total ?

L’analyse du calcaire total est nécessaire pour affiner la caractérisation des constituants du sol et améliorer les choix stratégiques en termes de chaulage. Comme la granulométrie, c’est une caractéristique stable du sol, qu’il n’est pas utile de mesurer à chaque analyse, pour peu que la zone de prélèvement soit stable et correctement repérée.

Comment déterminer le calcaire total ?

La terre est mise en contact avec un acide fort qui dissout le calcaire, en milieu fermé. L’attaque du calcaire (CaCO3) se traduit par un dégagement gazeux de CO2 dont le volume est mesuré. Cette méthode d’analyse courante est mise en œuvre par le LANO et décrite dans la norme internationale NF ISO 10693.Quelques éléments d’interprétation de la teneur en calcaire total

Le caractère plus ou moins calcaire du sol est qualifié comme suit. Il apparaît sous la forme d’un commentaire sur les rapports de résultats d’analyses.

TAUX DE CaCO3 TOTAL A L’ANALYSE

QUALIFICATION DU SOL

CaCO3T ≤ 5%

SOL NON CALCAIRE

5 < CaCO3T ≤ 12,5%

SOL FAIBLEMENT CALCAIRE

12,5 < CaCO3T ≤ 25%

SOL MODEREMENT CALCAIRE

25 < CaCO3T ≤ 50%

SOL FORTEMENT CALCAIRE

CaCO3T > 50%

SOL TRES FORTEMENT CALCAIRE

Au-delà de 5% de calcaire total, les réserves naturelles ce calcium et leur libération progressive par dissolution sous l’effet des précipitations et de l’activité chimique et biologique du sol rend inutile tout retour au chaulage sur le très long terme. Les sols sont systématiquement basiques (sauf très rares exceptions sur calcaires très durs et peu solubles).

 Cas particulier du calcaire actif

Le calcaire actif est la fraction du calcaire total susceptible de se dissoudre facilement et rapidement dans la solution du sol. Elle correspond peu ou prou à la fraction fine au plan granulométrique (taille des argiles, soit moins de 2 µm). Elle permet de maintenir une saturation calcique élevée de la CEC et, indirectement, un pH basique stable.Pourquoi analyser le calcaire actif ?

La présence de calcaire actif peut induire, dans certains sols pauvres en fer libre, un risque de chlorose ferrique, auquel certaines productions sont sensibles. C’est le cas en horticulture (fraise par exemple), en arboriculture ou en viticulture. Dans certains cas, il peut être utile de doser, dans le même extrait, la teneur en fer, ce qui permet de calculer l’indice de pouvoir chlorosant (diagnostic essentiel pour le choix du porte-greffe en viticulture).

 Comment mesurer le calcaire actif ?

La terre est mise en contact avec un réactif spécifique (oxalate d’ammonium), qui attaque une fraction du calcaire total seulement. Le calcium extrait est ensuite dosé. Cette méthode d’analyse courante est mise en œuvre par le LANO et décrite dans la norme AFNOR NF X31-106.

 Quelques éléments d’interprétation de la teneur en calcaire total

Le risque de chlorose ferrique est significatif pour une teneur en calcaire actif supérieure à 6% et devient très important au-delà d’une teneur de 10%.